BRACKEMARD & LE SERPENT MAUDIT
Une histoire à ne pas mettre entre toutes les mains !
Brackemard était un mercenaire réputé dans les îles confédérées du nord. Sa spécialité ? La chasse aux nuisibles.
C'est justement un serpent nuisible qui troublait le quotidien des villageois de Slibart, un village tout ce qu'il y avait de plus modeste. Mais il ne s'agissait pas de n'importe quel serpent, celui-ci était maudit !
Une malédiction ancestrale de la déesse Airpesocu elle-même !
Le serpent morbianal avait une caractéristique unique : il dégageait une odeur si pestilentielle qu’elle pouvait faire tomber dans les pommes un troll enrhumé. Mais ce n’était pas tout. En plus de puer comme un vieux fromage oublié sous un soleil de plomb, il chantait. Ou plutôt, il tentait de chanter. D'une voix nasillarde et tremblotante, il hurlait des chants sacrés interdits qui avaient le pouvoir d'attirer des nuées de moustiques sanguinaires et de hérissons enragés.
Autant dire que les habitants de Slibart vivaient un enfer quotidien. Il n’y avait pas une seule nuit où les pauvres villageois pouvaient dormir paisiblement sans être réveillés par une cacophonie de piqûres et de petits grognements furieux. Après avoir perdu tout espoir de régler le problème eux-mêmes (et plusieurs litres de sang à cause des moustiques), ils firent appel à Brackemard.
Brackemard, fier de son titre de "Régulateur de Bestioles Extrêmement Agaçantes", ne réfléchit pas longtemps avant d’accepter la mission. Après tout, combien de mercenaires pouvaient se vanter d’avoir terrassé un serpent maudit par Airpesocu en personne ? Ça ferait un beau trophée.
Le barbare arriva donc en trombe dans le village, armé de son fidèle gourdin « Tape-Fort » et d’une paire de moufles enchantées contre les mauvaises odeurs. Il fut accueilli en héros par le maire de Slibart, un vieux bonhomme à la moustache si touffue qu’un écureuil aurait pu y élire domicile.
« Ô grand Brackemard ! » s’exclama le maire en serrant la main du barbare avec un enthousiasme désespéré. « Ce serpent nous empoisonne l’existence ! Nous avons tout essayé : les pièges, le feu, les chants plus forts que les siens… Rien n’y fait ! »
Brackemard hocha la tête d’un air grave. Il en avait vu, des nuisibles tenaces : des gobelins hooligans, des corbeaux qui insultaient les passants, et même une vieille dame qui trichait au bingo magique. Mais un serpent pestilentiel et chanteur, c’était une première.
Le barbare demanda à voir la créature. Les villageois, terrifiés, l’escortèrent jusqu’à une grotte sombre à la lisière du bois. L’odeur infecte leur fit faire demi-tour bien avant d’atteindre l’entrée. Brackemard, lui, avança sans broncher, la main crispée sur son gourdin.
Un premier sifflement aigu retentit, suivi d’une espèce de beuglement nasillard.
« AAAAIIIIIRPESOCUUUUUUUUU, BÉNIIIIIIIS MON VENIIIIIN ! »
Brackemard sentit une vibration étrange dans l’air, puis une armée de moustiques affamés s’éleva du sol. Il esquiva habilement un essaim et s’engouffra dans la grotte.
Le serpent était là, enroulé sur un rocher, sa langue fourchue battant le tempo d’une mélodie abominable. Son corps luisait d’un vert malade et une vapeur âcre flottait autour de lui.
« Toi, là ! » tonna Brackemard en pointant son gourdin. « Ça suffit les concerts sauvages ! C’est moi qui vais mettre un terme à ton opéra ! »
Le serpent ouvrit grand la bouche, prêt à répliquer avec un nouveau chant interdit. Brackemard sut qu’il devait agir vite. Mais comment terrasser une telle abomination sans subir ses effets néfastes ?
C’est alors qu’il eut une idée. Il sortit de sa sacoche un objet que personne n’aurait jamais cru voir dans les mains d’un barbare : un nez de pince-nez, volé à un noble endormi dans une taverne.
Il le pinça sur son nez, inspira profondément, et, sans attendre, leva son gourdin.
« Fin du spectacle, sac à pustules ! » rugit-il.
Et il frappa…
Le gourdin s’abattit sur la tête du serpent dans un bruit spongieux écœurant. La créature émit un dernier sifflement pitoyable avant de se ratatiner comme une outre percée. Un dernier chapelet de notes discordantes s’éleva dans l’air avant de s’éteindre à jamais.
À l’extérieur de la grotte, le silence revint peu à peu. Les moustiques tombèrent du ciel comme des petits raisins secs et les hérissons enragés, privés de leur chef spirituel, se mirent à bailler avant de rentrer chez eux, penauds.
Brackemard, triomphant, traîna le cadavre du serpent jusqu’au village, le balançant comme une corde nauséabonde sur son épaule. Lorsqu’il arriva sur la place du marché, les villageois se figèrent, puis éclatèrent en acclamations. Le maire pleura de joie et déclara une fête en l’honneur du barbare.
On servit des tonneaux d’hydromel, on dansa sur les tables, et surtout, on célébra le fait qu’enfin, ENFIN, on pouvait dormir sans être assailli par des chants atroces et des piqûres de moustiques.
Brackemard, lui, observa la scène en souriant. Une autre mission accomplie. Une autre bête terrassée. Il se servit une choppe bien méritée et s’affala sur un banc.
Et c’est ainsi que le grand Brackemard entra dans la légende de Slibart.
Mais au loin, dans une autre grotte oubliée… un léger bourdonnement sinistre s’éleva. Un autre nuisible attendait son heure…
Si le coté décalé de cette histoire vous a plu, vous allez adorer ce livre :
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