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LA SIERTA Serres d'Argent

 Elle courait à en perdre haleine. Sa longue chevelure argentée volait derrière elle et la sueur ruisselait déjà sur son front. Elle tourna brusquement dans une ruelle sur sa gauche. Deux guerriers suivirent, la poursuivant à toute allure. Elle hésita et tourna cette fois à droite. Malheureusement, ses craintes étaient confirmées, il s’agissait d’une impasse. Le mur était haut de près de quatre mètres, mais la jeune Sierta bondit habilement pour atteindre le toit. Elle effleura le cache moineau du bout des doigts, mais retomba souplement sur le pavé de la ruelle. Accroupie, dos au mur, la Sierta, mi-femme, mi-féline, releva lentement la tête. Elle fixa avec fureur les deux hommes qui venaient de la rattraper. Les gardes dégainèrent leurs épées.
— Rends-toi sale bête et tu auras la vie sauve. Si tu te refuses, tu goûteras au fer de nos lames. 



— Plutôt mourir que de vivre comme une esclave ! 


Sur ces mots, la femme-féline dégaina une dague.


— Que reprochez-vous à cette jeune femme ?  Interrogea, soudain, une voix dans l’ombre.


— C’est une paria, une bête, elle a osé pénétrer dans le quartier sacré des maîtres.  Répondit l’un des gardes.


— C’est un malentendu, je souhaitais demander audience au maître des lieux. Je ne suis pas d’ici et ne connaissais pas cette loi. 


— Nul n’est censé ignorer la loi.  Affirma l’un des gardes, affichant un sourire narquois.


— Laissez-la partir, soyez indulgents messieurs, cela ne se reproduira plus, soyez-en sûr. 


Les deux gardes éclatèrent de rire.


— Nous ne pardonnons pas aux bêtes, elle fera une marchandise de valeur pour le marché d’Ulto .


L’homme qui les avait interpellés sortit alors de l’ombre.


Il s’agissait d’un homme-lion de haute stature. Il posa soigneusement son manteau et se saisit d’un bâton de fer, en argemarian, gravé de symboles incroyables.


— Bien, dit-il posément, qu’il en soit ainsi. Je vous donne une ultime chance de renoncer. 


Pour toute réponse, les gardes se mirent en garde face à lui. La rage et la haine se lisaient dans leurs yeux. Les habitants d’Ulto ne considéraient pas les hommes fauves comme leurs égaux, mais comme des créatures inférieures. La cité des marchands vendait ainsi, sans vergogne, des esclaves d’autres races comme du bétail.


Les deux gardes bondirent, pleins de rage, sur l’homme-lion. Ce dernier para les deux lames à une vitesse fulgurante. L’argemarian résonna sous le choc, mais les hommes d’Ulto étaient des guerriers aguerris et ne se laissèrent pas impressionner. Les deux hommes réitérèrent leurs assauts, le guerrier à crinière para encore et encore cherchant sereinement la faille de ses adversaires. Sa technique était souple, habile et puissante. Tout à coup, la Sierta passa à l’attaque. L’un des gardes lui fit face, la lame bien trop courte de la femme fauve la mit en difficulté, mais elle ne pouvait se laisser secourir sans agir. Le garde face à elle s’écroula soudainement, assommé, son intervention avait permis à son sauveur de prendre le dessus. Ce dernier fit virevolter son bâton avant de le frapper au sol. Aussitôt celui-ci rétrécit, il ramassa son manteau, rangea le bâton dans une poche intérieure et l'invita à quitter la ruelle.


— Ne restons pas ici, ils sont simplement assommés, tuer un garde d’Ulto est contraire au règlement de ma guilde. 


L’homme-lion s’éloigna d’un pas assuré. La Sierta le suivit, ne sachant pas vers quel périple elle se dirigeait.



La suite de cette histoire de 50 pages est disponible dans la rubrique abonnement VIP.


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